Journées nationales des MAS-FAM-FV-FH (EAM et EANM)
“VIENS CHEZ MOI, j’habite en établissement”
Interroger la place de l’habitant dans son lieu de vie
Journées nationales organisées par le CREAI ORS Occitanie et l’ANCREAI
du 19 au 21 mai 2021 à Toulouse
Dans notre secteur, on a coutume de parler de «chez soi» lorsqu’une personne habite à son propre domicile, souvent en opposition au fait d’être «hébergé» en établissement. La logique inclusive sous-tend souvent que vivre «chez soi» est de pouvoir vivre à son domicile au sein de la cité. Pourtant, la réalité est différente. Ces journées nationales des établissements d’hébergement pour adultes en situation de handicap visent à développer l’idée qu’habiter «chez soi» est également possible en établissement. Les personnes habitent dans les établissements spécialisés. Les «personnes accueillies», en réalité, ce sont nous, les accompagnants, les professionnels, qui ne faisons que passer. Notre chez nous est ailleurs. Ce postulat est à l’origine de nombreuses questions qui se posent concernant l’accompagnement. Si la personne est chez elle, «jusqu’où je vais ?», voire «de quoi je me mêle ?» car finalement chez soi, «on fait un peu ce que l’on veut». Cela pose de vraies questions pour un chez soi en établissement. Cela nous conduit à revisiter l’éternel paradoxe qui consiste à devoir allier liberté de circulation, liberté de choix (comme cela est indiqué dans le cadre légal), avec l’exigence (elle aussi inscrite dans la loi) de protection des personnes vulnérables. La question de l’individualisation au sein d’une structure avec des règles collectives est elle aussi à revisiter à la lueur de cet objectif du «habiter (véritablement…) chez soi en établissement». Fort de ce postulat, pour aller au-delà d’une formule et d’un principe énoncé, ces journées s’efforceront de regarder de quelle façon la logique inclusive actuellement promue, «inclue» justement les établissements dits d’hébergement. Cela sera peut-être l’occasion également de mieux valoriser et reconnaitre les différents métiers qui œuvrent au quotidien à cet objectif au sein de ces établissements. Ces journées devront notamment permettre de clarifier ce « qu’habiter » veut dire et devront préciser les conditions de réussite. Elles auront ainsi vocation à relier cet objectif du «habiter chez soi» avec d’autres notions et pratiques connexes comme le pouvoir d’agir des personnes, basé sur leurs capacités d’autodétermination plus que sur leurs incapacités. Les professionnels de ces structures le savent bien : ce savant dosage entre les deux bouts de ces paradoxes ou doubles exigences, nous amènera forcément à réfléchir à la notion de prise de risque et de responsabilité. Qui prend le risque ? Qui est responsable ? Quel dommage est acceptable ? L’habitant est l’acteur de sa vie et donc de sa santé. Aussi, en sous-partie de ces questions transversales à tous les types d’établissements concernés par ces journées, une question récurrente devra être approfondie : celle de la gestion et du suivi de la santé de la personne concernée. Au-delà de bien cerner ce que ce terme gigogne recoupe, ces journées devront sans doute aider à distinguer les problématiques rencontrées et les solutions apportées selon que l’on est un EAM ou un EANM…, la distinction entre ces deux nouvelles catégories de nos autorisations étant justement le M de «médicalisé»… Enfin, ce habiter chez soi en établissement devra également descendre au plus près des spécificités de chaque type d’établissement : soit spécificité de public (ex : polyhandicap, handicap psychique, TSA, PHV…), soit spécificité d’autorisation et de niveau d’autonomie des «habitants» (MAS-FAM, FV, FH…). Habiter, c’est la somme des insignifiants de la vie quotidienne qui devront être interrogés dans la dialectique entre la liberté d’agir, les fonctionnements collectifs, l’envie, la capacité et les besoins des personnes ainsi que les réponses à adapter ou à inventer. |
Source: ANCREAI (http://www.ancreai.org)